Marie Curie est un film polonais réalisé par la scénariste allemande Marie-Noëlle Sehr. Sorti en 2016, le film éponyme retrace une partie de la vie de la physicienne-chimiste, interprétée par Karolina Gruszka.
Résumé : Physicienne-chimiste d’origine polonaise, Marie Skłodowska-Curie est une pionnière dans l’étude de la radioactivité. Elle travaille main dans la main avec son mari, Pierre Curie, pour développer la recherche scientifique. Dans ce milieu particulièrement masculin et conservateur, Marie doit lutter pour se faire une place…
Le film s’inscrit dans une perspective incontestablement féministe. On se penche ici à la femme et son combat pour être reconnue au même titre que les chercheurs dans un contexte historique majoritairement sexiste, plutôt qu’au rôle de la scientifique. Cette emphase éminemment moderne ne se porte donc pas sur ses découvertes – bien que spectaculaires et excitantes au XIXème siècle dans le milieu de la recherche – mais plutôt sur son rôle d’épouse, mère, veuve… et maîtresse. Nous rentrons alors dans une forme d’intimité avec la chercheuse comme si finalement, Mme Curie était une femme ordinaire, simple et sans artifices.
L’inconvénient de ce choix scénaristique est que le biopic est manifestement plat. Le spectateur curieux n’y apprend rien de très captivant car il sort de la séance en n’en sachant pas d’avantage qu’en entrant dans la salle. Le choix de la réalisatrice n’a pas été d’insister sur les moments historiques mais bien les moments les plus décisifs pour la vie de la savante. C’est en ce sens que Marie-Noëlle Sehr se risque à proposer une histoire allant à l’encontre des attentes. La réalisation prend le dessus sur l’histoire et bride donc le potentiel du scénario, qui jusqu’alors pouvait paraître prometteur. Marie Curie est une femme certes, mais avant tout un précurseur pour son époque. Certaines scènes peuvent ainsi paraitre anecdotiques ou du moins, pas à la hauteur du travail considérable de la chimiste.
L’existence d’un fil directeur est inexistante et l’histoire n’est pas accrocheuse. Le film est peut-être trop réaliste et revêt des œillères, transformant le scénario en un film dramatico-romantique. La réalisation prime l’histoire et nous montre donc la lauréate sous un aspect inattendu. Le biopic jusqu’alors censé véhiculer une émotion et s’inscrire dans un registre qui lui est propre, n’est pas le cas ici car le spectateur n’est pas guidé par une histoire mais simplement par une vie ordinaire de lutte, de gloire et de peine. Cependant on ne peut que remarquer un enchaînement détaché de scènes et de séquences. On ne retrouve pas la fougue et la passion pour la découverte, ni le départ de la Pologne pour s’aventurer en France qui aurait pu être un événement digne d’intérêt
Karolina Gruszka en Marie Curie dans le film éponyme (2016) de Marie Noëlle. TMDB
Explications et éléments de réponse
Essayons néanmoins de chercher quelques éléments d’explications à cette frustration scénaristique. Eh bien, la vie de Marie Curie (de son véritable nom Maria Salomea Skłodowska) n’est peut-être pas aussi trépidante qu’il n’y parait malgré ses nombreux voyages et expériences. Mme Curie était avant tout une femme austère. La réplique d’un des professeurs était qu’il ne lui pensait même pas être capable d’éprouver quelconque émotion dû à sa froideur implacable. La réalisatrice pose cependant de nombreux indices et scènes symboliques. De ces dernières, nous pouvons parler du clin d’œil lorsque la jeune Irène lui promet qu’un jour elle sera la deuxième femme à obtenir un prix Nobel, ce qui sera le cas car elle obtiendra le prix Nobel de Chimie en 1935 (même année ou elle devint chevalier de la légion d’honneur par ailleurs). Mais assurément, la scène finale ou sa fille marche symboliquement dans les pas de sa mère, qui disparaît pour lui laisser place. La réalisatrice souhaite de ce fait garder les pieds sur terre sans prétendre à une autre histoire plus trépidante.
Questionnement sur le rôle du biopic
Mais finalement : quel est le rôle d’un biopic, et que fait qu’un biopic soit jugé comme « bon » ? Évidemment, un avis est subjectif mais il est crucial de se questionner sur le rôle de ce genre filmique. Le film biographique en français, ou plus généralement appelé « biopic » (contraction de « biographical motion picture ») n’est pas un genre cinématographique comme les autres. En effet, toute l’importance d’un biopic est de faire concorder la réalité tout en y gardant une forme scénaristique approprié au rôle du film. De la sorte, le réalisateur permet au spectateur d’apprécier un film tout en y apprenant davantage sur la vie d’une, ou plusieurs personnalités réelles. Mais toute la complexité du ce genre est bien de garder un équilibre histoire/scénario/réalisation pour soit ne pas déformer la réalité ou soit ne pas rester cloîtré dans un réalisme (sauf bien sûr si la réalité se suffit à elle-même!)
Enfin, peut-être sommes-nous habitués aux scénarios spectaculaires et aux réalisations bouleversantes. Il est donc vrai que ce film n’est pas conforme aux espérances, mais a le mérite d’être sincère, à la hauteur de la scientifique qu’était Mme Curie.
Si vous avez aimé le film ou que vous voulez en savoir un peu plus sur la vie de cette mystérieuse Mme Curie, le Panthéon vous ouvre ses portes pour une exposition dédiée à son égard du 8 novembre 2017 au 4 mars 2018 à l’occasion de ses 150 ans (place gratuite pour les -25 ans ressortissants de l’UE).
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